From b77ab794110b0ae928a6f3e79ec2a29c485ff0fe Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: Kharec Date: Sun, 30 Nov 2025 11:46:18 +0100 Subject: [PATCH] feat: rewording --- content/posts/paradoxe-narratif-cloverfield.md | 4 ++-- 1 file changed, 2 insertions(+), 2 deletions(-) diff --git a/content/posts/paradoxe-narratif-cloverfield.md b/content/posts/paradoxe-narratif-cloverfield.md index ffbf911..946d4f7 100644 --- a/content/posts/paradoxe-narratif-cloverfield.md +++ b/content/posts/paradoxe-narratif-cloverfield.md @@ -4,9 +4,9 @@ draft = false title = 'Le paradoxe narratif de Cloverfield' +++ -La trilogie Cloverfield se compose, comme chacun sait, de trois films atypiques : Cloverfield (2008), 10 Cloverfield Lane (2016) et The Cloverfield Paradox (2018). Elle représente un cas particulier dans le paysage de la science-fiction moderne : conçue sans véritable plan initial, la saga a peu à peu construit une mythologie commune autour d’un seul événement majeur, à savoir l’arrivée de créatures provenant d’une faille entre les dimensions. Ce fragile fil narratif repose sur un élément presque imperceptible : la séquence finale du premier film, où l’on aperçoit brièvement un objet tombant du ciel. Ce détail insignifiant à première vue est devenu, au fil des suites, la clé de voûte qui relie des œuvres qui n’avaient, à l’origine, aucune intention de cohabiter. +La trilogie Cloverfield réunit trois films singuliers : Cloverfield (2008), 10 Cloverfield Lane (2016) et The Cloverfield Paradox (2018). Ensemble, ils composent un objet insolite dans la science-fiction contemporaine. Plutôt que de s’appuyer sur une planification rigoureuse, la saga s’est inventée au fil du temps, construisant peu à peu un univers commun centré sur un événement-clé : l’apparition de créatures issues d’une brèche entre les mondes. Toute l’architecture narrative repose en fait sur un détail subtil, presque invisible : la scène finale du premier film, où l’on distingue brièvement un objet chute du ciel. Ce qui semblait anodin à l’origine s’est transformé, avec les films suivants, en point d’ancrage reliant des œuvres qui, à la base, n’étaient pas destinées à se croiser. -La saga Cloverfield est un exemple frappant de la façon dont un récit morcelé peut être recollé après coup pour former une sorte de cohérence globale. En donnant aux images anodines du premier film une nouvelle portée à la lumière des suites, les créateurs ont inversé la logique classique du récit : au lieu d’aller de la cause vers la conséquence, ils remontent de la conséquence vers la cause. Ce procédé n’est pas qu’un simple truc de scénariste : il incarne l’ère du « retcon », où on modifie le passé pour donner du sens au présent. +Cloverfield illustre parfaitement comment des récits fragmentaires peuvent être réassemblés a posteriori pour produire une cohérence d’ensemble. En attribuant une importance nouvelle à de simples indices du premier film à la lumière des suivants, les auteurs ont inversé le mouvement classique de la narration : au lieu d’enchaîner les effets à partir d’une cause, ils partent de la conséquence pour imaginer la cause. Ce mécanisme dépasse le simple ressort scénaristique : il incarne l’ère du « retcon », où le passé est réinterprété pour éclairer le présent. Cloverfield (2008) de J.J. Abrams et Matt Reeves proposait un film catastrophe en mode « found footage », avec une créature géante ravageant New York, mais sans jamais donner d’explication à l’origine du mal. Pourtant, le dernier plan – cette mystérieuse capsule qui tombe dans la mer à l’arrière-plan – sème une graine de questionnement. Certains y ont vu un clin d’œil au satellite Tagruato issu du marketing viral, d’autres juste un détail anodin, ou bien, après la sortie de The Cloverfield Paradox (2018), le fragment d’une station spatiale précipité dans le passé. Ce dernier point de vue, bien que jamais validé officiellement, offre une lecture passionnante : celle d’un univers où les causes se perdent dans les paradoxes temporels. Ainsi, un hasard visuel devient rétrospectivement la pièce centrale de la mythologie, résultat d’un collage plus que d’une vision préméditée.